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Quelle interaction entre TDAH et burn-out ?

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Introduction

La fatigue chronique, l’irritabilité ou l’insomnie font entre autres partie des symptômes indissociables du burn-out. Les personnes qui en souffrent peuvent se sentir vidées de leur énergie, désengagées de leurs activités professionnelles et incapables de faire face aux exigences de leur travail au quotidien. Le manque de statistiques actualisées et fiables rend complexe la connaissance de la prévalence de cette condition au Canada, mais elle semble de plus en plus fréquente selon certaines études. Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ou TDAH concerne de son côté plus de 1,8 million de Canadiens (source:https://caddac.ca/wp-content/uploads/Comorbidities-Policy-Paper_Final_FR.pdf). Des relations peuvent-elles exister entre TDAH et burn-out ?

Que savoir sur le burn-out ?

Le burn-out est un terme connu également sous le nom d’épuisement professionnel. L’Organisation mondiale de la santé le définit comme une sensation de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail. Ce trouble résulte d’un stress chronique lié aux activités professionnelles. Le burn-out n’est pas une simple fatigue passagère, mais un état d’épuisement profond. Il peut affecter la santé physique, émotionnelle et mentale. Ce syndrome d’épuisement professionnel, physique et psychique, est généralement ressenti face à des situations de travail émotionnellement exigeantes.

  • Comment se manifeste-t-il ?

Les symptômes de l’épuisement professionnel peuvent être différents d’une personne à l’autre. Du point de vue physique, ses manifestations incluent souvent une fatigue permanente, des troubles du sommeil, et éventuellement des migraines, des maux de ventre ou des infections fréquentes.

Le burn-out peut aussi se refléter à travers divers symptômes psychiques et comportementaux. Une personne en état d’épuisement professionnel peut ressentir un profond sentiment de cynisme, se montrant de plus en plus critique et méfiante envers son environnement professionnel. L’irritabilité et l’impatience deviennent fréquentes, rendant parfois les interactions sociales difficiles. Un sentiment d’épuisement total s’installe, accompagné d’une apathie et d’un désespoir grandissants.

Les plaisirs de la vie semblent aussi s’évanouir, laissant place à une insatisfaction profonde. La personne en burn-out peut alors développer des comportements d’évitement, comme l’abus de substances, pour tenter de soulager sa souffrance. D’autres troubles comme les modifications de l’appétit viennent souvent s’ajouter à ce tableau.

  • Quelles sont ses sources ?

Le burn-out est un phénomène multifactoriel. Son apparition résulte éventuellement d’une interaction complexe entre des facteurs liés à l’environnement de travail et des caractéristiques individuelles. Au niveau professionnel, des facteurs tels qu’une charge de travail excessive, un manque d’autonomie dans les décisions, un soutien social insuffisant, des conflits de valeurs avec l’organisation ou une insécurité de l’emploi peuvent contribuer à l’épuisement professionnel.

Concernant la personne elle-même, certaines caractéristiques de personnalité, comme une forte conscience professionnelle ou une tendance à l’investissement émotionnel dans le travail, peuvent augmenter la vulnérabilité au burn-out. L’épuisement professionnel n’est cependant pas une question de faiblesse personnelle, mais plutôt le résultat d’un déséquilibre entre les attentes professionnelles et les ressources individuelles.

  • Comment progresse un burn-out ?

L’évolution du burn-out est progressive. Initialement, la personne peut tenter de compenser le stress en travaillant davantage. Cette solution conduit inévitablement à un épuisement croissant, affectant tant la vie professionnelle que personnelle.

  • les conséquences du burn-out

Les conséquences d’un burn-out peuvent être significatives sur la santé et la vie des personnes. Comprendre l’épuisement professionnel, savoir le repérer et mettre en place des actions de prévention efficaces est une démarche essentielle. Les symptômes qui accompagnent un épuisement professionnel ne sont pas toujours spécifiques. L’avis d’un professionnel médical est donc souvent nécessaire pour déterminer l’origine de ces troubles et mettre en place une thérapie adaptée afin de les atténuer.

Le TDAH, un facteur de vulnérabilité au burn-out

Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité ou TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui touche aussi bien les adultes que les enfants. Au Canada, ce trouble concerne environ 4 à 6 % de la population adulte et environ 5 à 7 % des enfants.

Les personnes atteintes de TDAH peuvent présenter des difficultés de concentration et ont souvent du mal à maintenir leur attention sur une tâche, à suivre des instructions et à organiser leurs activités. Elles peuvent être facilement distraites par des stimuli externes. L’impulsivité peut aussi apparaître chez les personnes souffrant d’un TDAH : elles agissent souvent sur un coup de tête, sans réfléchir aux conséquences de leurs actes. Elles peuvent avoir du mal à attendre leur tour ou à interrompre une activité. Ces personnes sont aussi susceptibles d’être hyperactives en manifestant une agitation excessive, une difficulté à rester assis et un besoin constant de bouger.

  • Quatre manifestations éventuelles du TDAH dans les activités professionnelles

Le TDAH peut se manifester de différentes manières dans le quotidien des personnes actives, affectant diverses dimensions du travail et de l’interaction avec les collègues :

    • Un manque de concentration

Les personnes atteintes de TDAH peuvent avoir du mal à rester concentrées lorsqu’elles sont présentes à des réunions ou quand elles effectuent des tâches. Elles peuvent s’ennuyer rapidement, aggravant les symptômes d’inattention, et avoir du mal à déplacer leur attention rapidement entre différentes tâches.

Les bruits, les mouvements ou même leurs propres pensées peuvent facilement les distraire. Cette inattention peut entraîner des erreurs, des oublis, ou l’incapacité de terminer une tâche professionnelle dans les délais impartis.

L’hyperfocalisation peut aussi être un problème, les amenant à oublier des missions importantes, voire à manquer un rendez-vous professionnel. Suivre des instructions longues, écouter attentivement et prêter attention aux détails peut notamment leur être difficile.

    • Un défaut d’organisation

Bien organiser leur travail peut aussi être une difficulté majeure chez les personnes concernées par le TDAH. Elles peuvent avoir du mal à rester organisées, ce qui rend difficile la gestion de projets importants ainsi que le suivi des documents et du matériel de travail. Elles peuvent aussi facilement se sentir dépassées et avoir du mal à maintenir un espace de travail organisé.

    • Une mauvaise gestion du temps

Bien gérer leur temps peut représenter un défi majeur pour les personnes atteintes de TDAH. Elles peuvent avoir du mal à estimer le temps nécessaire pour accomplir une tâche, ce qui conduit souvent à des retards et entraîne des difficultés de respect des délais. Leur tendance à la procrastination est fréquente. En remettant à plus tard les missions les plus complexes ou désagréables, leur mode de fonctionnement génère des retards et une qualité de travail compromise. Les personnes souffrant de TDAH peuvent aussi reporter des projets à long terme ou faire des heures supplémentaires excessives pour respecter les délais. Arriver régulièrement au travail à l’heure peut également représenter un véritable défi.

    • Un excès d’impulsivité

L’impulsivité est une autre caractéristique du TDAH qui peut poser des problèmes au travail. Les personnes peuvent parler ou agir sans réfléchir, interrompre les autres en réunion, ou prendre des décisions hâtives sans considérer toutes les options. Cet emportement peut aussi pousser ces personnes à se lancer dans des tâches ou des projets irréalistes, à se lancer dans des missions sans les planifier ou encore à faire des commentaires inappropriés.

  • Comment le stress prend-il sournoisement le contrôle ?

Le TDAH est susceptible d’augmenter le stress de plusieurs façons. Les personnes actives souffrant de ce trouble peuvent ressentir un stress plus important. Les difficultés à se concentrer, à organiser le travail et à respecter les délais créent un cercle vicieux : plus les personnes essaient de faire, plus elles se sentent dépassées.

Les tâches inachevées ou mal réalisées peuvent aussi générer de la frustration, tant pour la personne elle-même que pour ses collègues. Les retards répétés peuvent porter atteinte à la réputation professionnelle de la personne, créant une pression supplémentaire pour améliorer sa gestion du temps. La complexité à contrôler ses impulsions peut mener à des conflits ou à des décisions hâtives aux conséquences négatives.

Ce sentiment de ne pas être capable de maîtriser la situation est une source importante de stress. Par ailleurs, les personnes atteintes de TDAH peuvent être plus sensibles aux critiques et à l’échec, entraînant éventuellement une faible estime de soi et un sentiment d’inadéquation.

Ces facteurs, combinés à la pression de réussir dans un environnement professionnel exigeant, peuvent contribuer à des niveaux de stress élevés et générer un risque accru d’épuisement professionnel ou burn-out.

Le burn-out TDAH ou l’épuisement professionnel chez les personnes atteintes de TDAH

Le TDAH est un trouble qui peut rendre les personnes particulièrement vulnérables à l’épuisement professionnel. Les difficultés liées à un TDAH peuvent générer un stress chronique, conduisant, à terme, au burn-out. Le risque d’un épuisement professionnel est donc accru chez les personnes atteintes de TDAH. En raison des défis supplémentaires que le TDAH impose dans leur gestion du travail quotidien, les personnes concernées sont plus sensibles au stress chronique, menant éventuellement à un épuisement mental, émotionnel et physique.

Les personnes atteintes de TDAH accomplissent des efforts quotidiens pour faire face à la difficulté à se concentrer, pour mieux gérer leur temps, mieux organiser leurs missions et pour contrôler leur impulsivité. Ces défis peuvent éventuellement entraîner une surcharge cognitive. Combinée à un environnement de travail exigeant ou mal adapté, celle-ci peut épuiser les ressources émotionnelles et mentales de la personne, la rendant plus susceptible au burn-out.

D’un point de vue scientifique, certaines recherches médicales tendent par ailleurs à montrer que les personnes atteintes de TDAH sont plus vulnérables à l’épuisement professionnel en raison de leurs difficultés dans certains processus cognitifs, dont les fonctions exécutives. Ces processus aident à planifier, à organiser, à gérer le temps et à réguler les émotions. Les personnes atteintes de TDAH présentent souvent des déficits dans ces domaines, entraînant des difficultés au travail et contribuant à l’épuisement professionnel.

Burn-out : quels impacts sur les personnes avec TDAH ?

Les répercussions d’un épuisement professionnel sur les personnes atteintes de TDAH peuvent être importantes. Elles sont susceptibles de toucher à la fois leur santé mentale et leur performance au travail. Un burn-out peut intensifier les symptômes du TDAH. L’épuisement professionnel peut aggraver les problèmes de concentration, rendre la gestion du temps encore plus difficile, et augmenter l’irritabilité et l’impulsivité. Les personnes peuvent également se sentir encore plus désorganisées et avoir du mal à accomplir les tâches les plus simples.

L’impact d’un burn-out peut également jouer sur l’apparition d’une fatigue physique et mentale intense, rendant plus difficile la faculté de se concentrer ou de rester productif au travail. Pour une personne atteinte de TDAH, cette fatigue peut particulièrement limiter la capacité à gérer les symptômes de son trouble.

Le burn-out peut entraîner une perte significative de motivation, où la personne ne trouve plus de sens ni de satisfaction dans son travail. Pour quelqu’un avec un TDAH, qui doit déjà lutter contre des problèmes de motivation, cela peut rendre le travail insupportable et accroître le risque de dépression.

Le burn-out peut ainsi exacerber les symptômes du TDAH. Le stress prolongé et l’épuisement mental associés à l’épuisement professionnel sont susceptibles d’augmenter les difficultés de concentration, d’organisation, et de gestion des émotions.

Quelles solutions pour prévenir et gérer le burn-out chez les personnes atteintes de TDAH ?

Plusieurs solutions peuvent être envisagées chez les personnes souffrant d’un TDAH pour prévenir le risque ou gérer un épuisement professionnel :

  • L’approche Neurofeedback

Le Neurofeedback est une solution adaptée pour le TDAH. Cette solution cible directement les zones du cerveau qui fonctionnent souvent moins bien chez les personnes atteintes. L’évaluation de l’activité cérébrale est réalisée avec un électroencéphalogramme quantitatif qui permet de cartographier l’activité électrique du cerveau et d’identifier les zones liées aux symptômes du TDAH.

En se basant sur les résultats de cet examen, un psychologue choisit les régions du cerveau à cibler pendant les séances de Neurofeedback. L’entraînement peut se concentrer sur des aspects comme l’attention, la mémoire de travail ou les fonctions exécutives. Si la personne a d’autres problèmes, comme l’anxiété, l’entraînement peut être adapté pour les prendre en compte.

Au cours d’une séance de Neurofeedback, le client regarde une vidéo, un film ou une image pendant que l’activité électrique de son cerveau est mesurée en temps réel. Lorsque son cerveau atteint l’état d’activité souhaité, il reçoit une récompense. C’est à dire que le vidéo commence à jouer. Lorsque l’état n’est pas celle souhaité le vidéo cesse.

Ce système de récompense encourage le cerveau à répéter les schémas d’activité souhaités. Grâce à cet exercice, les symptômes du TDAH peuvent s’améliorer avec le temps. Cette approche est considérée comme une intervention très efficace pour le TDAH, avec des effets durables. Les capacités cérébrales optimisées peuvent continuer à s’améliorer même après la fin des séances.

  • Les alternatives pour une meilleure gestion du stress

Plusieurs autres pratiques efficaces peuvent aussi aider les personnes atteintes d’un TDAH à mieux gérer leur stress. Une thérapie cognitivo comportementale permet par exemple d’identifier et de modifier les pensées négatives qui contribuent au stress. Elle enseigne également des techniques de relaxation et de résolution de problèmes. Cette pratique aide aussi à développer la conscience du moment présent et à accepter les pensées et les émotions sans jugement, ce qui peut réduire l’anxiété et améliorer la gestion du stress. Apprendre des mécanismes d’adaptation sains pour gérer le stress, l’anxiété et la frustration est conseillé, comme des exercices de respiration profonde, la méditation ou des activités physiques régulières. Ces techniques de relaxation sont des démarches intéressantes pour calmer l’esprit et le corps.

  • Tirer parti de stratégies variées

Apprendre à mieux s’organiser au quotidien est aussi une solution intéressante pour les personnes avec un TDAH. Elles peuvent mettre en œuvre différentes méthodes pour organiser leurs missions, leur espace de travail et leurs pensées. L’usage de planificateurs, de listes de tâches et de techniques de classement est certainement incontournable.

  • Aménagement de l’environnement professionnel

Envisager des aménagements du lieu de travail peut faire partie des solutions permettant de soutenir les employés atteints de TDAH et prévenir l’épuisement professionnel. Évoluer dans un espace de travail calme et sans distractions permet de réduire les difficultés de concentration. Lorsque la démarche est possible, envisager des horaires de travail flexibles ou du télétravail permet, par ailleurs, de tenir compte des fluctuations d’énergie de chacun. Une communication ouverte et un soutien de la part des supérieurs permettent également d’aider les personnes atteintes de TDAH à gérer leur charge de travail et à obtenir de l’aide si nécessaire.

Conclusion

Des liens existent entre le TDAH et le burn-out, même si ce sont des troubles distincts. Des spécialistes des troubles neurodéveloppementaux comme le TDAH peuvent mettre en place des thérapies adaptées pour les personnes concernées par un burn-out et un TDAH. Un accompagnement approprié permet de poser un diagnostic précis du TDAH et d’évaluer la gravité du burn-out. Cette étape est cruciale pour mettre en place une thérapie personnalisée qui tient compte des symptômes, des forces et faiblesses de la personne, ainsi que de son environnement professionnel. En fonction des manifestations et de la gravité de la situation, le médecin peut proposer une combinaison de différentes approches thérapeutiques, telles que le Neurofeedback. Un accompagnement sur la durée permet d’ajuster la thérapie au fil du temps et d’évaluer l’évolution de l’état de santé du patient. Cette thérapie sur mesure permet d’identifier les aménagements nécessaires sur le lieu de travail pour favoriser le retour en milieu professionnel et prévenir les rechutes.